mercredi 17 octobre 2012

Tout ce qui nous abime

La phrase est sortie ce midi : "je crois que je ne suis pas très douée pour réussir les choses", entre le riz aux champignons et la compote pomme-banane, ma préférée. L'air de rien, ils n'ont pas répondu, et j'ai pensé très fort que j'avais hâte de retourner voir Eva, dans son grand bureau où il n'y a même pas de divan, et heureusement. La première fois que j'y suis entrée j'étais pleine de larmes. Elles perlaient au bord de mes yeux mais je ne voulais pas les laisser faire leur vie, couler sur mes joues, pas la première fois que je la rencontrais, elle m'aurait prise pour une folledingo. Et puis est ce que j'avais vraiment le droit d'y aller, moi, dans son bureau ? Moi avec mes petits problèmes de fille qui aime un vilain garçon, et qui ne s'aime pas, elle même ? Finalement on n'avait parlé que de ma mère, ma mère cet été qui m'a ignorée pendant dix jours, ma mère qui a délesté tout son stress sur mes épaules, ma mère pour qui j'ai peur mais à qui je ne dois jamais, jamais le dire. "Vous êtes celle qui rassure", a dit Eva, et je me suis demandée comment je pouvais donner cette impression, moi qui ai tout le temps peur.

Un soir, on s'est installés sur son canapé, j'avais la tête dans son cou, ce fameux cou dont je rêve depuis presque cinq mois et qui n'a rien perdu de sa chaleur, sa douceur, son odeur, et j'ai pensé qu'il fallait graver cet instant, pour quand je serai de nouveau pleine de doutes et d'angoisses. Et puis il n'a suffit que de quelques minutes pour que l'orage revienne, et que je m'endorme, de nouveau, en pleurant doucement pour qu'il ne m'entende pas.

Ce qui est certain, c'est que je sais maintenant me consoler quand le dehors est un peu trop froid et mouillé. Le chocolat chaud sous la couette, le pull doudou, la tête enfouie dans mon oreiller, tout s'efface. J'ai remis mes converses et j'ai eu l'impression d'avoir douze ans, j'ai bien aimé.
Ce qui est certain aussi, c'est que je n'ai aucune idée de ce qui peut arriver, ni de ce que je dois faire. Mais je me lève le matin heureuse de prendre les deux bus qui m'emmènent entendre des cris d'enfants. J'arrive à les faire sourire en leur montrant qu'on peut se pincer très très fort après avoir mis un patch emla, et qu'on ne sent rien, c'est magique, je ris de les voir rire pendant que je recouds leur front en appuyant bien fort sur le masque qui les envoie au pays des éléphants roses, je souris quand les parents m'appellent docteur.

& quand on ne sait pas ce qui va se passer, ça veut dire que tout est possible ?


3 commentaires:

  1. je.t'aime.chaton
    (c'est le plus joli post d'ici, je trouve)

    RépondreSupprimer
  2. Je suis bien d'accord avec Limonade (<3 au passage), et surtout surtout je suis d'accord avec ta dernière phrase. Oui, Mlle Pouic, tout est possible.

    RépondreSupprimer
  3. Ton texte est vraiment touchant... Je te souhaite d'être chaque jour, un peu plus apaisée.

    RépondreSupprimer