samedi 27 avril 2013

Après moi le déluge, après moi la pluie

Je bois des litres de tisane organic detox, celle qui a la jolie boite avec des nuages prunes, envoyée par Elise. J'ai allumé ma bougie préférée, accroché mes nouvelles cartes postales dessinées par Sofia, et je découvre Alex Beaupain sur les conseils de Anne. Le samedi après midi les révisions sont toujours difficiles et mes envies de cocooning sous la couette [puisque finalement le cocooning au soleil dans les parcs n'est pas pour tout de suite] prennent le dessus. Je fais des plans sur la comète pour cet été et je remplis mon carnet d'envies (Bruxelles - Barcelone - Londres). Jeudi soir, alors qu'on était allongés sur le petit lit à trouver toutes les raisons du monde pour ne pas aller réviser il m'a dit qu'il voulait que je vienne en vacances avec eux, moi aussi, à l'autre bout de la terre. Alors forcément ça me donne le tournis, forcément j'en meurs d'envie et forcément je ne peux pas m'empêcher de penser "et si...", mais j'ai dit oui. J'ai dit oui aussi quand la dame du permis m'a appelée pour me demander si je voulais le passer dans 48h, alors que normalement il me restait deux mois de préparation, et j'ai bien fait puisque j'ai maintenant le droit de nous emmener en week end à la mer quand je veux - alors il va y en avoir, prochainement, des crèpes sucre-citron. Il y aura aussi un week end au Luxembourg pour le mariage de la grande soeur de L. et ça me fait tout bizarre de me dire qu'elle a une maison, un mari (un m-a-r-i !), et seulement trois ans de plus que nous, alors il y aura aussi la robe à acheter et il y aura les confettis, le champagne et surement les yeux mouillés de L. au milieu des sourires. C'est un bel été qui se prépare en parallèle des blocs dans lesquels je serai enfermée tous les matins et de la chirurgie de bourrin à laquelle je voudrais tant ne pas assister. Un très bel été. 

les cartes de Sofia sont ici

samedi 20 avril 2013

Fermez la parenthèse

C'était un dimanche de mai 2012, un matin ensoleillé où le petit déjeuner avait été pris les pieds nus dans les paquerettes de son jardin. La soirée de la veille s'était terminée dans les larmes, celles qui ne s'arrêtent plus et se rappellent en hoquets jusqu'à tard dans la nuit, mais ce matin là on avait fait comme si de rien n'était, pour de faux. Je me rappelle de la chaleur, de ma robe à fleurs (évidemment) que j'ai ensuite cachée au fond de mon placard pendant des semaines, du dîner pâtes-tomates cerises-légumes du soleil. Le soir mon petit monde déjà bien brinquebalant s'écroulait, et même si ce n'est tellement rien par rapport à d'autres chagrins d'amour, celui là m'avait semblé insurmontable, même si... Dimanche dernier, avril 2013, j'ai à nouveau enlevé mes ballerines dans ce même jardin et laissé mes pieds se faire chatouiller par les mauvaises herbes. 


Double incidence #2

(un autre texte écrit il y a 2 ans. Je crois que j'ai besoin de laisser une trace de la P1 par ici, ces deux années qui m'ont tellement changée)

Il est 6h43, j’arrive devant la fac. Cette fois ci Elle n’est pas là, j’ai réussi à arriver avant. Je savoure ma petite victoire, on se réjouit de peu en P1. Il doit faire 2°, j’ai froid, même avec mes gros pulls de plouc superposés. Je me colle à la porte. Celle de gauche, toujours, j’ai repéré que c’était celle là qui ouvrait le plus souvent en premier, quelques secondes avant l’autre. Du coup Elle sera obligée de se mettre à celle de droite, bien fait.

Elle arrive, on ne se parle pas. Deux filles face l’une à l’autre dans le froid et la nuit, chacune accrochée à sa porte, guettant les nouveaux arrivants.

On est de plus en plus. J’ai dû coincer mon bras dans la poignée pour être sure de ne pas être poussée. Une fois j’ai fait un malaise, du coup maintenant j’amène des compotes, en cas de coup de barre. Heureusement que la porte n’avait pas ouvert quand j’étais par terre la fois du malaise, sinon j’étais écrasée. Je connais une fille qui s’est faite piétiner par son meilleur ami, elle ne pouvait plus marcher, mais au moins il lui avait gardé une place.

Serrée, écrasée, compressée, et la lumière s’allume dans le couloir. Les appariteurs vont arriver. Je sens les msucles de mes jambes se tendre. Je n’ai aucune force, des cernes de 3km, mais je sais que le moment où je vais faire mon sport de la semaine se prépare.

On guette le son des clés, les pas, l’ombre d’un des deux types qui chaque matin se prend une horde d’étudiants fous dans la face, et qui répète mollement à chaque fois « calmez vous, doucement, youhou, doooouuuucement ».

Et il arrive. Il se place à mi chemin entre les portes, laquelle ouvrir en premier, gauche, droite ? Une fois de plus j’ai bien choisi, c’est la gauche, pif paf dans ta face, on se réjouit de peu en P1. Il rentre la clé dans la serrure, l’adrénaline monte, je m’agrippe à la porte, je mets toute mes forces pour ne pas me retrouver du mauvais côté de la vitre, puisque les portes s’ouvrent vers l’extérieur, je pousse, je bouscule, et je rentre. Je cours, avec mes deux sacs qui me battent les jambes et mon endurance de mamie octagénaire, je cours et je monte les escaliers en manquant de tomber. J’arrive tout en haut de l’amphi, je lance mon écharpe, mon sac, mon ordinateur, pour avoir les 3 places à côté de la prise.

J’ai réussi, je m’éffondre. J’ai mes places, il est 7h30. Les filles arriveront pour 8h. Demain je dormirai, ce n’est pas à moi de prendre les places, et mercredi prochain, je serai là à 6h43.

La journée peut commencer.

mercredi 3 avril 2013

Dear you, sweet sixteen

A toi,
**
à toi que j'ai été il n'y a pas si longtemps et à qui je repense avec une pointe de tendresse - bien que je ne regrette pas une seule seconde ton époque. A vous, mes seize ans et mes espoirs déçus de l'époque. 
Ce n'était pas facile, hein, d'abandonner tout ton univers pour débarquer dans ce grand lycée sans tes copines, sans ton groupe rassurant avec qui tu refaisais le monde. Tu te rappelles le premier cours, cette présentation où tu avais retenu tes larmes de justesse en griffonant les slogans qui habitaient tes journées sur ton agenda décoré avec amour pendant l'été ? Tu te souviens du banc où tu retrouvais le seul garçon vestige de ton collège à la récréation, ce même banc où tu t'étais battue avec un crétin qui vous avait insultés ? Tu te souviens de ton horreur pour les maths et de ce professeur chauve qui t'avais transmis son amour pour la physique ? Tu te souviens de ta place sur le plan de classe, entre O. lafillelaplusbelledumonde que tu admirais et P. le garçon que tu observais de loin ? 

Un jour tu avais embrassé ton amoureux, ce mec qui connaissait tout de toi et que les autres appelaient "Nirvana" - époque rock and roll oblige - et quelques secondes après tu avais eu cette pulsion qui  te pousse à tout détruire et tu lui avais dit que c'en était fini, de votre drôle d'histoire. C'est peut être là finalement que tu avais commencé à avoir ces disputes avec ton propre esprit, ces moments où tu places ta vie sur un fil, où tout peut basculer d'une seconde à l'autre. Je crois qu'avec du recul, tu n'allais pas très bien, vraiment pas très bien. Un soir où soudain tu avais réalisé l'ampleur de cette tristesse enfermée, où ton corps te semblait dégoutant et où tu aurais voulu être plus forte, encore plus forte, toujours plus forte, tu avais trouvé une manière de te défouler. Tu avais appris à cacher les cicatrices sous tes tonnes de bracelets brésiliens et à trouver des explications complètement farfelues mais qui satisfaisaient ceux qui les appercevaient. 

Mais toi, tu le sais, il y avait aussi un tas de rêves qui t'habitaient. Tu voulais devenir cardiologue, tu trouvais ça joli comme image réparer les coeurs des gens et pourtant tu préfèrais t'imaginer sur une Vespa, keffieh au vent, allant à la Sorbonne (dont tu ne connaissais que le nom, d'ailleurs) que dans un bloc opératoire. Tu avais découvert la Corse et ta passion pour cette île m'est restée, aujourd'hui encore quand je n'arrive pas à m'endormir je me rappelle cette plage. Tu voulais être grande et faire cequejeveux, tu te sentais tellement libre quand tu allais sur la mobylette (sans casque, pfff) de cette fille et que vous séchiez les cours... Tu te souviens que tu ne voulais pas boire une seule goutte d'alcool et que tu détestais la nourriture japonaise [ha-ha] ? Tu noirçissait déjà des pages de mots, par contre. C'était ton carnet intime qui avait le droit de recueillir tes milliards de listes, tes lettres à ton amoureux perdu, le récit de tes vacances en colonies - ces moments de bonheur intense.
Tu ne savais pas ce que tu allais devoir traverser bientôt, bien tôt, bien trop tôt. On n'en parlera pas, hein. Mais tu as réussi, et je suis là aujourd'hui.

ps : tu sais, ta liste des chosesàfaireavantdemourir, je les ai tous faits, même ceux pas encore cochés à l'époque (claquer quelqu'un qui m'énerve, me trouver mince, aller en boîte, me dire que je suis heureuse) & surtout, j'en ai rajouté plein plein plein.
pps : quand tu écrivais La vie est belle sans trop y croire sur ton Eastpack noir couvert de pins, tu avais raison. Oui elle est belle, si tu savais


Seize ans, Corse 
inspiré de cet article