lundi 11 août 2014

Nos poin-t-s serrés

J’écris depuis cette terrasse entre ciel et mer, le balcon de l’île, si haut que l’on voit au-dessus du sommet des montagnes qui s’alignent face à la mer. A perte de vue il y a l’eau, immense bleu profond qui se confond dans la brume avec celui du ciel, laissant apparaître en ombre chinoises les cotes de la Turquie. On est venus ici tous les trois pour honorer une promesse, alors bras croisés et coudes serrés contre nos tailles, on monte la minuscule allée jusqu’à leur maison aux volets rouges accrochée au flanc de la montagne à l’autre bout du village. Il en fallait, du courage, pour revenir ici sans lui, et si parfois les larmes perlent dans l’obscurité de la voiture qui fonce la nuit le long des routes sinueuses, l’île semble faite pour absorber toute cette tristesse. On ne doit pas pouvoir rester prostré à pleurer quand ici le soleil réchauffe les peaux pâles dès les premières heures, le marchand de fruits chante sa rengaine à chaque rue et les gens que l’on croise nous offrent les oranges de leur jardin. L'air embaume l'eucalyptus, la figue, le sel et mes poumons semblent avoir retrouvé leur capacité toute entière, je sens mes alvéoles se délier. 
On  se découvre chacun des traits de celui qui nous manque et on rit des défauts partagés. C’est doux parfois de laisser les faux semblant sur le tarmac du minuscule aéroport et de pouvoir rire à gorge déployée et râler pour rien parce qu’on est entourés de gens inconditionnels.

C’est peut être ça la famille, alors. 




1 commentaire:

  1. Je crois que je n'ai encore jamais "commenté" chez toi Mathilde. Alors je me lance, parce que cet article résonne chez moi (comme beaucoup de ceux que tu écris).
    Je ressens, je crois, cette sensation qui réchauffe grandement de pouvoir parler, ensemble, d'une personne aimée et perdue... et ça fait du bien de le voir si joliment écris ici.

    RépondreSupprimer