J’écris depuis cette terrasse entre ciel et mer, le
balcon de l’île, si haut que l’on voit au-dessus du sommet des montagnes qui s’alignent
face à la mer. A perte de vue il y a l’eau, immense bleu profond qui se confond
dans la brume avec celui du ciel, laissant apparaître en ombre chinoises les cotes
de la Turquie. On est venus ici tous les trois pour honorer une promesse, alors bras croisés
et coudes serrés contre nos tailles, on monte la minuscule allée jusqu’à leur maison aux volets rouges accrochée
au flanc de la montagne à l’autre bout du village. Il en fallait, du courage,
pour revenir ici sans lui, et si parfois les larmes perlent dans l’obscurité de
la voiture qui fonce la nuit le long des routes sinueuses, l’île semble faite
pour absorber toute cette tristesse. On ne doit pas pouvoir rester prostré à
pleurer quand ici le soleil réchauffe les peaux pâles dès les premières heures,
le marchand de fruits chante sa rengaine à chaque rue et les gens que l’on
croise nous offrent les oranges de leur jardin. L'air embaume l'eucalyptus, la figue, le sel et mes poumons semblent avoir retrouvé leur capacité toute entière, je sens mes alvéoles se délier.
On se découvre
chacun des traits de celui qui nous manque et on rit des défauts partagés. C’est
doux parfois de laisser les faux semblant sur le tarmac du minuscule aéroport
et de pouvoir rire à gorge déployée et râler pour rien parce qu’on est entourés
de gens inconditionnels.
C’est peut être ça la famille, alors.
Je crois que je n'ai encore jamais "commenté" chez toi Mathilde. Alors je me lance, parce que cet article résonne chez moi (comme beaucoup de ceux que tu écris).
RépondreSupprimerJe ressens, je crois, cette sensation qui réchauffe grandement de pouvoir parler, ensemble, d'une personne aimée et perdue... et ça fait du bien de le voir si joliment écris ici.